2017, Film 16mm, couleur, 45s
«Clément Cogitore redonne vie au film d’archive en le filmant à nouveau de manière à mettre en scène à sa surface une envolée de papillons, dont les ailes deviennent elle-mêmes des surfaces de projection et dont les ombres en mouvement se déploient sur les parois rocheuses : le motif de ces papillons (il s’agit de Monarques, orangés et veinés de noir, surmontés de menues taches blanches) dialogue avec les ocres de la grotte, mais ce qui intéresse surtout l’artiste est bien de jouer de la cadence de leurs ailes, de la vibration de leurs battements, induisant une réflexion sur la technicité de l’image cinématographique, au moment-même où le défilement de la pellicule a laissé la place à sa dématérialisation, en devenant signal vidéo.
Néanmoins, malgré l’évolution technologique, le rituel du cinéma, la magie de sa lanterne, ou celle de toute création artistique, persiste : comme les hommes de Lascaux, nous portons un regard sur la nuit originelle et nous devinons des formes dans les pierres. Nous entretenons avec le monde un rapport d’intimité tel que la seule manière de le traduire est de faire l’expérience d’un secret, de vivre la profondeur d’une 'énigme à résoudre'. Dans la caverne mentale ou dans celle du cinéma, l’inintelligible est au cœur, si bien que nous écarquillons toujours les yeux face aux images ; preuve que nous gardons en nous, toujours intact, un pur désir d’émerveillement.»
Léa Bismuth Critique d’art et commissaire d’exposition